Thierry Boutemy Fleuriste
Fleuriste
Défilés de mode, tournage de films ou organisation de soirées
sélectes… les bouquets de ce fleuriste passionné installé à
Bruxelles sont très prisés. Rencontre entre dahlias, roses et
pétales.
Le magasin de fleurs de Thierry Boutemy se situe dans une rue fort
longue du quartier d’Uccle à Bruxelles. On est à la frontière de
plusieurs zones et de leurs populations: des expatriés fiscaux
(présents le week-end), des vieux Bruxellois, et des bobos locaux
(trentenaires tirant sur le quadra toujours bien lookés). La rue
Vanderkindere a des airs un peu gris qui virent parfois au
sinistre. Mais à observer le mélange de commerces désuets et de
vitrines design, on se dit que la gentrification est engagée façon
«repassez dans trois ans et tout sera différent».
Boutemy reste sceptique à la remarque. La ville a toujours mixé les
genres selon lui. à l’arrivée dans sa boutique, le fleuriste
précise que «tout n’est pas encore là». L’homme se réinstalle dans
ses murs puisqu’on est en septembre et que la rentrée a sonné. On
fend un beau parterre de fleurs, contre-pied poétique aux
classiques répandus chez beaucoup de ses concurrents. Il y a des
scabieuses, des physalis, des flocks, des dahlias, des cyclamens,
de la camomille, des roses de jardin et des graminées légères.
Thierry Boutemy a une allure d’ours et une robustesse qui se révèle
presque fragile au fil de la conversation. Le Français a passé plus
de la moitié de sa vie en Belgique, soit près de vingt-cinq ans. Il
en a hérité un léger accent et une simplicité, au sens d’anti snob,
appréciable. L’entrée de son magasin est aussi caverneuse que
l’arrière-boutique est blanche et lumineuse.
Entre les pétales, on aperçoit des photos de l’Américain Jack Smith
proche de Warhol, des masques hopis d’Arizona et un grand tirage
signé de l’artiste Douglas Gordon où une pupille bleue observe les
apprentis préparer leurs bouquets «à tous les prix», rassure le
propriétaire. On l’a découvert sur le net grâce à une collection de
vêtements et accessoires réalisée à la demande du concept store
new-yorkais Opening Ceremony plus tôt cette année. «Je suis content
de travailler dans la mode et de participer à des défilés car c’est
une énergie créative, un projet commun. Mais je veux rester
concentré sur mon magasin».
Le fleuriste, qui balaye les définitions pompeuses de son travail
(«couturier», «artiste») est un soucieux qui semble passer autant
de temps à s’interroger sur l’avenir de son métier qu’à voyager
entre les tournages, les fashion weeks, les fêtes de riches où la
fleur, attribut du bon goût, est une part cruciale du décor qui en
jettera plein les yeux.
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